Gestion de l’arrondissement N°6 : « Lorsque nous sommes arrivés à la tête de la mairie 90% des réserves administratives et foncières dans notre arrondissement étaient déjà attribués», Jean NACOULMA, maire de l’arrondissement 6

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L’arrondissement 6 de la ville de Ouagadougou dirigé par Jean NACOULMA, l’un des plus jeunes maires du Burkina Faso est sujet à de nombreuses tracasseries dues à des occupations des espaces administratives. Dans un entretien accordé à l’Œil Du Faso, il nous explique comment cela s’est produit.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Jean NACOULMA maire de l’arrondissement 6 de la ville de Ouagadougou. Je suis attaché en droits humain au ministère des droits humains et de la promotion civique. Depuis une semaine je suis Docteur en histoire. (Rire) j’aurai dû me présenter en disant Dr NACOULMA, mais je ne suis pas encore habitué.

Quel bilan faites-vous de votre mandat ?

On ne pas parler de bilan, parce qu’on n’improvise pas un bilan, ça se prépare, mais je vais vous donner quelques grandes ligne des réalisations. C’est en mai 2016 que nous avons été élus par nos pairs comme maire de l’arrondissement N°6 et nous avons pris fonction en juin. Nous nous sommes donnés comme objectif de changer le cadre de notre arrondissement surtout le coté salubrité, la mobilité et l’organisation des associations féminines. Notre premier gros défi était de sortir des riverains du canal du mogho de la zone inondable. Et avec l’accompagnement de la commune de Ouagadougou nous avons pu relancer les travaux qui sont à 80% de réalisation et permet de collecter les eaux pour rendre la zone moins endommageable en cas de grosse pluie. Nous avons pu lancer une très opération dénommée « zéro tas d’ordure  dans l’arrondissement » qui a été un succès. Mais malheureusement l’opération n’a pas connu une suite faute de moyen pour continuer parce que ce sont les machines de la commune qui doit gérer les 12 arrondissements. Les machines passent une fois tous les 2 mois dans notre arrondissement. En ce qui concerne l’organisation des associations féminines nous sommes très satisfaites. Ainsi la commune de Ouagadougou, dans un projet voulait regrouper les associations en cadre de concertation et notre arrondissement à bénéficier de plusieurs programmes de ce projet comme le volet éducation, environnement et droit humain. Nous avons pu accompagner des femmes à travers ce canal dans la production du soumbala et du savon. Nous avons beaucoup de femmes dans l’activité du tissage et de la couture grâce à l’accompagnement de l’ONG QATAR CHARITY. Aussi, en partenariat avec l’établissement Don Bosco au secteur 29, nous pouvons incérer chaque année des jeunes filles déscolarisées pour l’apprentissage de certains métiers. Il faut dire aussi que lorsque nous arrivions l’un des gros défis qui se posait dans notre arrondissement ce sont les « grands trous » laissé par le bitume à certain endroit qui se remplissaient d’eau en saison hivernale et des enfants y perdaient la vie par noyade. Nous avons réussi avec l’accompagnement de COGEB et SATOM à remblayer tous ses  trous à 99%. La réalisation de certaines infrastructures était un souci à cause du manque de fond. En collaboration avec le conseil régional, nous avons bénéficié de la construction d’un lycée municipal de l’arrondissement que nous avons logé au secteur 26. Sur budget propre nous avons décidé l’année passée de construire un autre lycée au secteur 28. Et cette année sur budget propre, nous comptons construire un centre de santé. Côté mobilité, nous avons eu la chance que la majeure partie des projets de la commune de Ouagadougou et des partenaires de la commune permettait à l’arrondissement de s’en tirer. Aujourd’hui l’arrondissement est totalement rénové en termes d’infrastructure routière. Pour les infrastructures sportives pour les jeunes, nous avons déjà 2 plateaux. Nous avons rénové le plateau omnisport qui est juste à côté de source de vie et du lycée Jupécé. Aussi avec l’installation de l’université virtuelle, nous avons négocié et obtenu la réalisation d’un plateau omnisport aussi au secteur 29. Nous sommes inscrits avec la commune dans un projet pour l’aménagement du plateau de Pissy. Si on va citer tout ce qu’on a fait cela prendrait toute une journée, parce que beaucoup de choses ont été fait dans le sens de satisfaire les besoins de la population.

Quelles sont vos insatisfactions par rapport à la gestion de la mairie ?

Malheureusement il y a des insatisfactions. Comme vous le savez nous avons hérité du grand Boulmiougou qui est un arrondissement à problème. Dans le temps Boulmiougou était connu pour ses problèmes de terrains, nous ne pouvions pas passer sous silence ce domaine qui aujourd’hui fait des gorges chaudes et nous pouvions dire que c’est la seule tache noire, parce que c’est notre première année d’expérience de gestion de mairie. C’est vrai nous ne maitrisons pas tout le système du foncier. Notre chance a été la suspension sur le foncier ce qui nous empêche d’aller au front. Ce que nous faisons, c’est calmé les litiges et demandé aux gens de patienter en entendant. Il y a aussi la gestion des réserves. Vous savez lorsque nous sommes arrivés à la tête de la mairie 90% des réserves administratives et foncières dans notre arrondissement étaient déjà attribués. La preuve est que nous même pour construire notre propre lycée provinciale et communale, nous étions obligés d’aller hors zone lotis et nous sommes allés dans un bas fond au secteur 29 pour le logé parce que nous ne voulions pas perdre le financement du conseil régional. Nous avons fait le tour des espaces et aucun n’était disponible. Et aujourd’hui, ce qui crée la polémique c’est que ces attributaires profitent peut-être de notre jeunesse et de notre manque d’expérience pour revenir investir. Ses attributions qui ont été faites bien avant même que nous commencions la politique. La population ne comprenant pas naturellement accuse le maire ou le conseil d’arrondissement de faire des affaires autour de ces réserves. Et malheureusement lorsque nous vérifions, effectivement la personne est attributaire, mais la mise en pratique de son exécution pose problème. C’est pour cela nous avons pris l’initiative d’écrire au Haut-Commissariat (il y a 3 ans de cela Ndlr) pour demander l’annulation de tous les arrêtés qui avaient été donné d’autant plus qu’après 5 ans de délais de mise en valeur si ce n’est pas exécuté, l’autorité devait pouvoir récupérer. Nous, nos écrits sont restés lettre morte. Lorsqu’il y a un problème, nous prenons le soin d’écrire au domaine et au cadastre pour vérifier si la personne est vraiment attributaire. Dès qu’ils nous certifient qu’ils sont réellement attributaire, nous sommes impuissants. Il y a des cas où les dossiers vont en justice. Une fois que le dossier est en justice nous devons impuissants. Rien que la semaine dernière des riverains se sont dressés contre l’occupation d’un terrain. Nous avons écrits au domaine et au cadastre pour demander des confirmations. J’ai même fait enlever la plaque de l’autorisation de construire pour venir déposer à la mairie. Le propriétaire est venu avec ses papiers on s’est rendu compte qu’il est attributaire depuis 14 mars 2007. Il n’avait pas investi et c’est maintenant qu’il vient pour le faire. Il est à la mairie centrale et on lui a donné l’autorisation de construire. En ce moment je suis dans l’obligation de rappeler la population pour leur expliquer qu’il a ses papiers et que c’est effectif. Les gens ne regardent plus loin, ils ne lisent plus, ils veulent le chaud dans l’immédiat. C’est pour ça nous demandons à la population, lorsque nous les rencontrons par rapport aux réserves d’aller vers le ministère de l’administration territoriale ou le ministère des finances. C’est là-bas qu’il y a la commission qui siège. C’est eux qui peuvent annuler, mais pas nous. Nous nous sommes au bas niveau, nous sommes informés par courrier que telle personne est demandeur d’un terrain. On nous demande juste de donner l’avis du conseil municipal ou juste à titre d’information. Le courrier passe par 5 services et il y a une commission qui statut pour attribuer ou pas le terrain. C’est vraiment un très long processus qu’on ne maitrise pas forcément en un mandat. Nous sommes préparés à cela parce qu’avant que nous soyons conseiller, nous avons donc compris que Boulmiougou est une poudrière. Nous remercions Dieu si elle n’a pas explosé jusque-là. Nous avons pu donner les arguments pour pouvoir contenir les gens parce que ce n’était pas évident. La preuve est que lorsque nous arrivions, certains nous donnaient pour 6 mois par rapport à notre inexpérience.

Quelles sont vos attentes par rapport à la gestion de la mairie ?

Une de nos attentes est que nous espérons que dans les prochaines reformes les mairies seront plus autonome financièrement. Etre autonome permet aux maires d’avoir un programme, de le présenter, d’être élu sur la base de ce programme et d’être sanctionner en fin de mandat sur cette même base des réalisations faites. Nous pensons que si les arrondissements deviennent autonomes cela va installer une concurrence positive entre les arrondissements pour leur développement. Par rapport aux infrastructures sanitaires, nous sommes en train de construire un CSPS au secteur 25 sur fond propre et ça sera une infirmerie. Ainsi avec notre partenaire Soro Bis qui est styliste vivant au Canada, on a organisé un défilé de mode et tout ce qui a été récolté comme fond a servi à électrifier en plaque solaire un CSPS de l’arrondissement au secteur 25.

Quelle lecture faites-vous de la prolongation du mandat des maires de 1 an ? Pensez-vous que les 1 ans soit suffisant ?

Moi je ne pense pas que c’est suffisant. Je me pose la question de savoir pourquoi ils l’ont prolongé. Vous savez pour être honnête, ce n’est pas aussi simple en tant que jeune de faire cette expérience. Après 5 ans on aurait voulu avoir une bouffée d’oxygène. Mais comme administrativement cela a été prolongé pour prendre en compte certains besoins administratifs, nous pensons qu’après 1 an si nous pouvons repartir sur le terrain et puis faire de nouvelle conquête ça serait bien et j’espère que ces 1 ans vont suffire à prendre en compte toutes les reformes et si cela ne suffit pas, il sera prolongé ainsi que notre calvaire avec. Parce que, ce que nous savons comme reforme, c’est que normalement le maire serait élu au suffrage direct, moins de tracasserie par rapport à sa gestion et surtout que les arrondissements pourront être financièrement autonome.

Votre parti (Ndlr UPC) a rejoint la majorité, pensez-vous que ça soit au nom de la réconciliation nationale ou pour des calculs politiques ?

Le pays nous appel (rire). Nous avons répondu à un appel. Il faut dire que pour notre place aujourd’hui à la majorité, que le président Zéphirin DIABRE, pendant sa campagne se montrait être celui qui était à même de conduire le gouvernement de réconciliation parce qu’il pensait qu’il fallait cette base d’abord avant la suite du développement du Burkina Faso. C’est lui, qui a pu travailler à un moment donné  avec le MPP qui avait rejoint le CFOP et avec le CDP qui avait aussi rejoint le CFOP. Il a été entre les 2 protagonistes, il connait réellement le fond de certains problèmes et le sens du combat de tout un chacun pour pouvoir essayer d’avoir une vision qui puisse concilier toutes les parties. Il a dit pendant sa campagne que s’il est élu, le premier qu’il va former serait un gouvernement d’union nationale pour l’intérêt du pays. Malheureusement Dieu nous ne a pas donné le pouvoir, mais lorsqu’une telle personne a eu ce genre de propos et que celui qui a le pouvoir t’appel refuser serait se contredire et se trahir cela voudrait dire que tu n’étais pas sincère quand tu parlais. Surtout que ce d’en face ont vu la nécessité de l’exploiter par rapport à la cohésion sociale on fait appel à lui qui nous pensons être l’homme idéal aujourd’hui pour conduire cette réconciliation nationale.

Après l’obtention de votre doctorat en histoire, quelle sera la suite de votre carrière ?

La suite je vais aller vite enseigner à l’université. Parce que l’enseignement est ma passion. Je suis même déjà très content juste quelque temps après participé au colloque international à Koudougou sur « Langue, cohésion et vivre ensemble » organisé par le laboratoire de l’université parrainé par le Dr Zéphirin DIABRE et j’ai communiqué sur « Syndicalisme entre lutte et pacifisme sous le règne de Lamizana » pour montrer que quand on a besoin d’une cohésion même les syndicats qui sont par définition, par essence des organes de lutte peuvent à un moment décider de baisser la garde pour sauvegarder la paix. Je vais enseigner et la politique on verra bien.

Propos recueilli par Léa SAMA

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