Une enquête d’Odoxa révèle que 56 % des Français craignent un conflit de générations entre les personnes âgées et la jeunesse.
Faut-il que l’on « sacrifie » les jeunes pour sauver les plus âgés ? Un an après le début de la pandémie, la question hystérise les plateaux télé, inspire les chroniqueurs, excite les réseaux sociaux. Elle est aussi posée de façon passionnée par les lycéens et les étudiants. Le Covid-19 est devenu un virus clivant : selon une enquête d’opinion dont Le Monde révèle les résultats, 56 % des Français craignent un conflit de générations. Ils sont même 60 % à le redouter parmi les 18-34 ans.
Réalisé par l’institut Odoxa (auprès de 1 005 personnes du 3 au 4 février), le sondage a été commandé par le Cercle Vulnérabilités et Société, un groupe de réflexion sur les fragilités sociales et dans le domaine de la santé. « On voit nettement qu’il y a un risque de délitement du lien intergénérationnel avec un risque de rupture si la crise dure », observe Edouard de Hennezel, président fondateur de ce think tank.
Le conflit latent qui existait avant la crise est en train de se transformer en « choc générationnel », analyse le pédopsychiatre Bruno Falissard. Directeur de recherche à l’Inserm qui enseigne à la Maison des adolescents de Cochin (AP-HP), le professeur Falissard dresse le « tableau clinique » d’un ressentiment croissant des jeunes envers les plus âgés. Avant la pandémie, ils récriminaient contre le coût du logement, la crise économique, la planète « dézinguée » que leur laissait la génération des « boomeurs », celle de Mai 68. Mais les confinements et le couvre-feu ont entraîné l’interdiction de sortir, d’avoir une vie amoureuse, supprimés les petits boulots.
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