COMMUNIQUE DU CISC sur des cas d’exécutions extrajudiciaires en masse de plus en plus inquiétantes
Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a été saisi depuis le lundi 08 aout 2022 par plusieurs témoins et parents de victimes de la commune de Tougri plus précisément dans le village de Taffogo dans la région du Centre-Nord, de plusieurs cas d’enlèvements suivis d’exécutions sommaires et extrajudiciaires. Au total, plus de 40 corps ont été retrouvés plus tard le long de la route Taffogo – Bouroum entassés par lots de 10 ou de 05. Ces témoignages concordants décrivent les présumés auteurs de ces enlèvements suivis d’exécutions systématiques comme étant des éléments des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) habillés en tenues noires et encagoulés. Les personnes tuées avaient tous les mains ligotées et les yeux bandés. Ils étaient accompagnés de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) des localités. Ces VDP qui se mettent devant aujourd’hui étaient connus comme étant des délinquants et bandits irrepentis dans les villages.
Par ailleurs, cette tuerie n’est pas isolée ; au cours de ces derniers jours d’autres crimes ont été perpétrés contre les populations civiles victimes de ciblage :
-Le 02/08/2022 à 15h 06min, des militaires de l’armée burkinabè qui ont quitté Gorom pour Oursi ont exécuté 8 civils et plusieurs blessés dont un enfant de 13 ans
-Le 4 aout 2022 dans le village de guelyendé, commune de Tibga, région de l’Est, 14 personnes ont été tuées par des hommes en treillis militaires burkinabés. Par ailleurs, le CISC à été saisi de l’arrestation d’une femme déplacée interne et qui est décédée dans des conditions non élucidées à la police judiciaire de Kaya ;
-le 11 aout 2022 à Kongoussi et alentours, plusieurs populations civiles ont été tuées encore par des éléments de l’armée
Il faut que ces crimes contre l’humanité cessent. A cette heure, les organisations de défense des droits humains continuent à collecter les informations afin de pouvoir traduire tous les responsables et leurs commanditaires devant la justice nationale et internationale.
Ainsi, le CISC, tout en encourageant les forces républicaines dans la lutte contre le terrorisme tient à :
-Interpeller certains éléments des FDS à arrêter la pratique d’enlèvements de civils à mains nues suivis d’exécutions sommaires et extrajudiciaires sous le prétexte fallacieux de lutte contre le terrorisme;
-Inviter le président du Faso à recadrer l’action de certains éléments de l’armée qui résument la lutte antiterroriste à une simple extermination des villages occupés par une communauté précise.
-Affirmer que la lutte antiterroriste ne sera jamais gagnée ni par des crimes de masse sur un fond de délit de faciès et de stigmatisation, ni en assassinant des personnes vulnérables comme les sourds muets, les vieillards, les aveugles et les malades mentaux….
-Rappeler qu’il faut impliquer des personnes de bonne moralité et non des VDP de moralité douteuse qui profitent de cette lutte pour assassiner les personnes avec lesquelles ils avaient des différents et emporter leurs biens matériels et leur bétail ;
-Demander à l’Etat de mener un travail sérieux pour un démantèlement des réseaux terroristes. Il faut mener une guerre contre le terrorisme, contre les terroristes qui prennent en otages des villages sans être inquiétés par des FDS et non contre des populations paisibles ;
-Condamner le terrorisme imposée au peuple burkinabè et à inviter les populations civiles à se démarquer des zones infestées par les terroristes islamistes qui mettent les populations en danger ;
-Demander à tous les Burkinabè sincères de s’insurger contre ces crimes, massacres tout azimut, qui nuisent à l’image de notre pays et qui mettent à rude épreuve le vivre ensemble et à la cohésion sociale à un moment où les autorités parlent de dialogue et de réconciliation nationale ;
-Nous demandons à tous les amis et partenaires du Burkina d’inviter le gouvernement de la transition à mettre tout en œuvre pour que ces crimes tout azimut cessent.
Le Secrétaire Général,
Dr Daouda DIALLO
Lauréat du Prix Martin Ennals (Nobel droits humains)