C’est une litanie de 143 noms qui s’étend sur une page du site de la Maison Blanche Mercredi 20 janvier, Donald Trump a gracié Steve Bannon l’un des stratèges de sa campagne électorale de 2016, ainsi que plusieurs autres proches. En tout 73 personnes ont été graciées et 70 ont vu leur peine commuée. A t-on appris de notre confrère Le « Monde »
Le président sortant ne s’est, en revanche, pas accordé de grâce et ne l’a pas fait non plus pour des membres de sa famille.
Précocité de la grâce de Bannon
Steve Bannon, âgé de 67 ans, était accusé d’avoir dupé des milliers de donateurs du président, qui pensaient que leur argent serait utilisé pour remplir la promesse de la campagne de construire un mur le long de la frontière mexicaine. Au lieu de cela, il aurait détourné plus d’un million de dollars, en payant un salaire à un responsable de la campagne et des dépenses personnelles pour lui-même. Bannon avait plaidé non coupable et s’était depuis réconcilié avec Trump.
La grâce de Bannon est d’autant plus remarquable que l’accusation n’en est qu’à ses débuts et qu’un éventuel procès n’aura lieu que dans quelques mois. Alors que les personnes graciées sont traditionnellement considérées comme des accusés qui ont fait face à la justice, souvent en ayant purgé au moins une partie de leur peine de prison, la grâce annule l’accusation et élimine effectivement toute perspective de punition.
Autres proches…
D’autres proches ne sont pas en reste. Parmi les 143 noms figurent également Elliott Broidy, vice-président des finances du comité national républicain et un ancien collecteur de fonds pour le président, qui avait plaidé coupable l’an dernier d’avoir violé les lois sur le lobbying, poussant les intérêts malaisiens et chinois auprès de l’administration Trump sans s’être enregistré.
La liste des graciés comporte aussi le nom de Paul Erickson, avocat impliqué dans l’affaire sur l’ingérence russe à la présidentielle de 2016 et ex-petit ami de Maria Butina, « agente russe » condamnée pour avoir tenté d’infiltrer les milieux politiques américains. Un choix que la Maison Blanche explique dans son communiqué par le fait que « la condamnation de M. Erickson était basée sur le canular de collusion russe. Après avoir constaté qu’il n’y avait aucune raison de l’accuser d’un quelconque crime en rapport avec des liens avec la Russie, il a été accusé d’un délit financier mineur », poursuivant :
« Cette grâce permet de corriger les torts de ce qui s’est révélé être peut-être la plus grande chasse aux sorcières de l’histoire américaine. »
La grâce a été également accordée à Ken Kurson, un ami de Jared Kushner – le gendre de Trump –, qui a été accusé en octobre dernier de cyber-harcèlement de son ex-épouse lors de leur divorce, ainsi qu’aux rappeurs Lil Wayne et Kodak Black, poursuivis pour possession illégale d’arme à feu. Wayne, de son vrai nom Dwayne Michael Carter, a fréquemment exprimé son soutien à Trump et a récemment rencontré le président sur des questions de justice pénale.
Et anciens élus
Une série de personnalités politiques, principalement républicaines, ont également été graciées ou ont vu leur peine commuée, à l’image de deux anciens membres du Congrès, Rick Renzi de l’Arizona et Randall « Duke » Cunningham de Californie. Le premier avait purgé une peine de trois ans, notamment pour corruption et blanchiment d’argent. Le second avait été condamné pour avoir accepté 2,4 millions de dollars de pots-de-vin de la part d’entrepreneurs de la défense. L’ancien maire démocrate de Detroit, Kwame Kilpatrick, qui purgeait depuis sept ans une peine de vingt-huit ans de prison pour corruption et racket, fait également partie de la liste.
D’autres choix sont, enfin, moins directement politiques : la grâce a été accordée à Anthony Levandowski, un ancien ingénieur de Google condamné en août à dix-huit mois de prison pour avoir volé des secrets industriels sur la conduite autonome alors qu’il négociait un poste chez Uber.
Par le passé, Donald Trump a déjà eu recours aux prérogatives présidentielles pour gracier une série d’associés et de partisans de longue date, dont son ancien président de campagne, Paul Manafort ; Charles Kushner, le père de son gendre Jared ; son ami et conseiller de longue date, Roger Stone ; et son ancien conseiller à la sécurité nationale, Michel Flynn
Malgré sa proximité avec Donald Trump, Rudy Giuliani, qui fut en première ligne pour faire annuler par les tribunaux les résultats de l’élection présidentielle de novembre, n’a pas bénéficié pour sa part d’un « pardon » présidentiel. L’avocat personnel de Donald Trump n’est accusé d’aucun crime, mais il fait l’objet d’une enquête pour ses activités en Ukraine. Ne figurent pas non plus dans la liste certains lanceurs d’alerte de la présidence Obama réfugiés à l’étranger, comme le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, et l’ancien de la NSA Edward Snowden.