Insécurité à Mansila province du Yagha
« « Mansila est en train de disparaitre de la carte du Burkina», Abdourahimou Barry
L’Association pour le développement socio-économique de Mansila(ADSEM)dit DEWRAL Mansila a organisé une conférence de presse ce 29 août 2021pour se prononcer sur la situation sécuritaire et la famine qui sévit à Mansila.
Mansila est une commune située dans la province du Yagha à 45 km de Sebba région du Sahel. Ses ressortissants à travers l’Association pour le développement socio-économique de Mansila(ADSEM) dit DEWRAL Mansila avaient indiqué lors d’une conférence de presse tenue en avril dernier que le pire risquait d’arriver à leur commune. Malheureusement a indiqué le secrétaire général adjoint de l’ADSEM Abdourahimou Barry , le pire est arrivé, « la famine sévit gravement à Mansila et nous enregistrons des pertes en vie humaine ». Selon ses propos, depuis janvier 2019 Mansila vit en état de siège imposé par des groupes armés, qui a évolué en embargo. Aussi a-t-il confié qu’en plus des assassinats ciblés, aucun homme ne peut quitter à plus d’un 1 km du village sans être tué ou enlevé. « Seules les femmes peuvent souvent quitter le village sans espoir de retour »,a-t-il soutenu. Malheuresment a-til dépeint, les terroristes se livrent aux pillages des biens de ces populations les laissant sans vivres. Il a signifié qu’à cause du manque de vivres, la majorité des familles se nourrissent exclusivement de « feuilles et d’herbes comestibles ». Et de dénoncer que depuis 3 ans les personnes restées à Mansila n’arrivent plus à cultiver et le manque d’eau potable les poussent à boire les eaux usées. Au plan sanitaire, Abdourahimou Barry a expliqué que sa commune fait face à une insuffisance de personnel soignant et le dépôt pharmaceutique manque presque de tout. Il a précisé que les personnes déplacées internes(PDI) vivent dans des conditions d’hygiène déplorables. « Il y a lieu de redouter une épidémie », a-t-il indiqué. Ce qui a contraint des femmes, une centaine avec leurs bébés au dos à quitter la commune en abandonnant le reste de la famille. Il a raconté que le 21 août dernier 47 personnes dont 30 femmes et 17 enfants ont pris la route à la recherche de quoi se nourrir. Malheureusement une mère de 4 enfants a succombé le 26 août dernier avec son bébé au dos du fait de la faim. Le secrétaire général adjoint de l’ADSEM a indiqué que les ressortissants de Mansila ont alerté le gouvernement sur ce qui se passait dans leur commune, mais des mesures idoines n’ont pas été prises à cet effet. L’ADSEM a même mobilisé des vivres pour acheminer vers les populations, mais hélas « une bonne partie de ces vivres n’est toujours pas arrivée à destination », s’est voulu clair Abdourahimou Barry. Pourtant selon lui, les autorités ont indiqué que des démarches avaient été prises pour ravitailler en vivres ces populations en détresse. « Hélas rien n’y est parvenu en dehors de l’intervention du PAM destinée aux PDI qui du reste est très insuffisante »,a –t-il soutenu. Foi de Abdourahimou Barry, malgré les efforts des FDS et des VDP, les assassinats, les enlèvements de personnes et de bétails continuent. « Mansila est en train de disparaitre de la carte du Burkina , Mansila se meurt. Les habitants de Mansila ne se sentent plus des citoyens ayant droit à la nourriture, à la sécurité, à l’éducation, en somme à la vie », a-t-il dénoncé. Quant au président de l’Association, Salif Kaboré, il a indiqué que Mansila vit en insécurité, aggravé avec la famine. Et de faire savoir que la seule fois que les habitants de Mansila avaient eu de la nourriture, c’était 25kg pour 7 personnes. Pour lui, il y a des FDS notamment un détachement de la gendarmerie, un camp non loin de Mansila, mais cette commune est toujours sous embargo. Et de confier que les terroristes incitent les habitants à abandonner leur commune en récompensant les femmes qui y sortent et en bastonnant celles qui y reviennent. Et de s’offusquer que seuls les déplacés internes étaient pris en compte considérés comme vulnérables pendant que les populations autochtones souffrent le martyre. Et de soutenir que 40 mille tonnes de vivres avaient été promises à Mansila, mais jusqu’à présent, rien. Il a laissé entendre qu’environ 6145 habitants autochtones et 3493 PDI sont dans la détresse et attendent des vivres pour survivre. C’est pourquoi il a appelé le gouvernement à sauver cette population. Ly Hama, secrétaire général de l’ADSEM, a expliqué que les fils et filles de Mansila ne peuvent pas rester silencieux face à cette situation que vit leur commune. C’est pourquoi comme ses prédécesseurs, il a appelé le gouvernement à écouter leur cri du cœur pour sauver la population restée à Mansila. Le mari de la femme décédée Souleymane Kaboré est revenu sur les circonstances du décès de son épouse. Souleymane Kaboré, a indiqué qu’il y a plusieurs mois, sa famille restée à Mansila n’avait pas de nourriture. « J’ai donc envoyé 200 000 F FCA pendant le mois de ramadan. Avec cette somme, ma famille a cherché la nourriture pour en acheter mais elle n’en a pas eue. Le 26 août, ils ont quitté Mansila pour Tiparé pour fuir la famine. C’est en quittant Mansila que ma femme est morte sur la route », a-t-il relaté tout triste.
La Rédaction