Agée de 64 ans, cette sexagénaire du nom de Salamata SAWADOGO a obtenu son Bac avec la mention passable de 11 /20 après le second tour. Dans cet interview réalisé par le ministère de l’enseignement nationale elle raconte ses motivations.
Est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Je suis Salamata SAWADOGO, candidate au baccalauréat G2, session 2021.Je suis mariée, mère de trois (3) enfants et de cinq (5) petits fils.
Quel métier exerciez vous?
J’étais dans une institution financière et j’ai été admise à la retraite depuis 2015.
Pouvez-vous nous dire ce qui vous a motivé à passer le BAC à cet âge ?
Vous savez, à notre temps, on trouvait facilement du travail. Dès que vous obtenez votre CAP d’Etat en comptabilité, les sociétés sont aux aguets. Ces sociétés venaient même dans les établissements pour rechercher ceux qui avaient ces diplômes. Dans ce cas que j’ai interrompu mes études et j’ai commencé à travailler. Au fil du temps, on s’est rendu compte que ceux qui venaient après nous avec de grands diplômes n’avaient pas votre expérience. Malgré leurs diplômes, on était obligé de les appuyer. Après réflexion, on s’est dit mais pourquoi ne pas chercher à avoir des diplômes. On s’est alors lancé dans les cours du soir et c’est ainsi que ça été un défi pour moi. J’ai alors commencé les cours du soir et quand on m’affectait j’étais obligée d’interrompre.Quand on m’a réaffecté en ville, je me suis inscrite dans une université privée en année préparatoire d’abord comme je n’avais pas le BAC avant de faire la licence.Après l’obtention de la licence je me suis fixée le défi de compléter ma licence avec le BAC. Pour moi, il n’était pas question d’abandonner le BAC. Voilà d’où est parti le défi d’avoir le BAC coûte que coûte.
C’est à votre retraite que vous avez obtenu ce diplôme. A quoi vous servira-t-il ?
Ce diplôme me servira d’abord pour ma satisfaction personnelle. Aussi, si j’arrive à continuer jusqu’au master, je pourrai ouvrir un petit cabinet pour aider ne serait-ce que le secteur informel, je pourrai toujours être utile.
Comment avez-vous préparé cet examen ?Je suivais des cours du soir toute l’année et nous étions un groupe de six (6) personnes qui étudions même à domicile ici. Quand les résultats sont sortis, les autres étaient admis et moi j’étais au second tour. Ce qui avait découragé le reste du groupe mais je leur avais promis que ça va aller. On a alors continué la formation pour le second tour samedi et dimanche et c’est ainsi que j’ai surpris le jury avec mes notes du second tour.
Quels conseils pouvez-vous prodiguer à la jeune génération ?
Les jeunes qui ont eu la chance d’être scolarisés ont l’obligation de tout faire pour obtenir au minimum le BAC avant de décrocher. Parce qu’une fois que l’on décroche après le BAC, à n’importe quelle période quand on veut reprendre c’est plus facile parce que l’on peut toujours étudier selon son temps.Je mets l’accent surtout sur les filles parce que les garçons sont plus conscients que les filles. Une fois qu’elles ont atteint l’âge de la puberté, les petites lettres commencent à tomber et elles oublient leur avenir et elles s’occupent des garçons. Conséquences, ce sont des regrets. Je supplie donc toutes les filles scolarisées d’obtenir au moins leur BAC avant un éventuel décrochage. J’avais déjà dit cela à la RTB mais j’ai eu le feed back qui me revenait que nos mamans n’étaient pas scolarisées mais elles s’occupent bien des foyers. A cela, je suis parfaitement d’accord mais il faut reconnaitre que c’était leur époque.Je tiens à préciser que l’éducation que nos mamans ont reçue venait de notre culture et à notre époque, nous avons abandonné notre culture. Cette époque exige le BAC au minimum pour toute femme qui a eu la chance d’être scolarisée.
DCPM/MENAPLN.