Le Syndicat national des encadreurs pédagogiques de l’enseignement secondaire, a soumis une lettre au ministre Stanislas Ouaro. C’est le lundi 17 mai 2021 à Ouagadougou que le bureau national a transmis cette lettre.
Monsieur le Ministre,
Par la présente, nous venons vous interpeller sur quatre préoccupations majeures : le concours spécial de recrutement des ex-Conseillers Pédagogiques de l’Enseignement Secondaire (CPES) en qualité d’Inspecteur de l’Enseignement Secondaire (IES), le concours de recrutement des professeurs agrégés, l’annulation des conférences et journées pédagogiques et enfin la crise en cours liée à l’engagement de certaines réformes en lien avec les examens scolaires.
Monsieur le Ministre, à l’issue de l’adoption du décret N°2020-245 /PRES/PM/MFPTPS/MINEFID portant Statut particulier du métier éducation, formation et promotion sociale, il a été mis en extinction l’emploi des Conseillers Pédagogiques de l’enseignement secondaire (CPES). Suivant les termes dudit décret, les personnels occupant ces emplois seront recrutés dans le corps des Inspecteurs de l’Enseignement secondaire (IES) par concours spécial ; et cela en trois cohortes sur une période de trois (03) ans. Mais en analysant le nombre d’IES recruté l’année dernière et l’état des besoins exprimé cette année, nous doutons sérieusement de la volonté du ministère et du gouvernement de mettre en œuvre correctement cet engagement pris avec les organisations syndicales à travers le respect des trois ans prévus pour épuiser les cohortes. De plus, dans la réalité des faits et comparé au format classique, ce concours n’a rien de spécial quand on observe aussi bien les effectifs recrutés que les conditions d’organisation. À ce rythme, au terme de l’échéance prévue, un grand nombre d’ex-CPES ne sera pas recruté. Ce qui constituerait un manquement à l’esprit et à la lettre du protocole d’accord !
Monsieur le Ministre,
Il était prévu pour cette année, le recrutement sur concours professionnel de seulement 60 professeurs agrégés – cela n’est d’ailleurs pas encore une réalité au regard des différents concours professionnels lancés. Pourtant, ce nouveau corps constituera à terme le seul vivier de recrutement des IES. Il faut d’abord rappeler que depuis trois ans, les enseignants du secondaire titulaires du CAPES et ayant l’ancienneté requise ont été « bloqués » dans leur aspiration à une ascension professionnelle. Cette situation impactera à coup sûr, la disponibilité du vivier d’où sortiront les prochains Inspecteurs de l’Enseignement Secondaire. En effet, si l’on prend en compte le nombre d’années de formation des professeurs agrégés (24 mois ou 2 ans), l’ancienneté requise pour passer le concours des Inspecteurs de l’Enseignement Secondaire (03 ans) et le nombre d’années de formation des élèves-inspecteurs (02 ans), il faudrait alors attendre sept à huit ans pour espérer voir sur le terrain, de nouveaux encadreurs pédagogiques du secondaire (IES). Au final, l’on aura totalisé une dizaine d’années pendant lesquelles on assistera à une stagnation des effectifs en ce qui concerne ce corps. En réalité, il s’agit même de diminution d’effectif car pendant ce temps, ce sont des dizaines d’encadreurs pédagogiques qui feront valoir leur droit à la retraite. Au regard de l’importance de ce corps dans l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la situation ci-dessus présentée, nous soulignons avec force que le scénario envisagé par le gouvernement n’est ni plus ni moins qu’une volonté de réduire drastiquement ces effectifs ; et partant une volonté de saccage de notre système éducatif déjà en proie à de multiples maux. Par ailleurs, si l’on considère la dizaine de disciplines concernées et les centaines de professeurs titulaires du CAPES qui attendent l’ouverture de ce concours depuis trois années, l’effectif de 60 envisagé pour être recruté cette année nous semble insignifiant, non justifiable et révoltant pour assurer une réserve pour l’encadrement pédagogique du secondaire. Il est inconcevable d’attendre dix (10) ans pour ne recruter que 5 ou 6 Inspecteurs par discipline à mettre à la disposition des 45 Directions Provinciales et de certaines Directions Centrales qui, déjà manquent énormément de personnel d’encadrement pour la formation et l’accompagnement des enseignants.
Monsieur le Ministre,
C’est également avec consternation et regret que nous avons été informés -cf note N° 2021-107 /MENAPLN/SG/DAF/SPB – de l’annulation de fait des journées et conférences pédagogiques au MENAPLN en 2020 « dans le but de faire face à l’apurement des frais de scolarité ». Les besoins de formations des personnels du post-primaire et du secondaire sont cruciaux au regard du profil des acteurs, des défis actuels, des changements et évolutions dans les contenus et méthodologies d’enseignement. Choisir donc de sacrifier le volet de la formation, très essentiel dans un secteur comme l’éducation, démontre à souhait que les choix et priorités du gouvernement se situent aux antipodes d’une éducation de qualité. En effet, si tant est que l’éducation demeure la pierre angulaire et le levier de tout développement, si la formation continue constitue l’essence pour l’amélioration des compétences et l’une des garanties pour un système éducatif de qualité, y déployer encore plus d’efforts et de moyens nous semble relever de la simple logique et du bon sens en matière de politique éducative.
Enfin, le gouvernement à travers vous, a décidé d’engager des réformes se rapportant aux examens scolaires, dont celles portant suppression de sujets au choix dans les disciplines de SVT et d’Histoire-géographie et de l’arrimage de l’organisation du Baccalauréat au MENAPLN ont engendré une nouvelle crise dans le secteur de l’éducation. Comment pouvait-il en être autrement lorsque ces reformes visent plus des objectifs d’austérités économiques avec des risques énormes de non accès des apprenants à des niveaux de formations supérieures ? Aussi, à l’instar de notre fédération qu’est la F-SYNTER, le SYNEPES rejette ces réformes et vous invite, si votre souci est celui du bien-être de l’éducation, à la mise en œuvre de cadres de discussions franches et inclusives sur les conditions de réalisation d’une éducation de qualité accessible à tous les enfants de notre peuple.
Monsieur le Ministre, toutes ces préoccupations – et bien d’autres -, nous aurions souhaité vous les exposer directement pour des échanges francs et plus approfondis ; mais malheureusement cela fait au moins deux (02) demandes d’audience que nous vous avons adressées et qui sont restées jusque-là sans suite.
Au regard de tout ce qui précède, le SYNEPES exige :
– le strict respect de l’esprit et de lettre du protocole d’accord Gouvernement-CNSE ;
– le recrutement en nombre conséquent des professeurs agrégés, futur vivier pour le corps des Inspecteurs de l’Enseignement secondaire, d’autant plus que l’actuel recrutement intervient après trois ans de passage à vide ;
– le rétablissement sans délai des cadres de formation et de recyclages du personnel enseignant et d’encadrement en particulier, et des personnels du ministère en général ;
– le retrait des réformes querellées et l’instauration d’un dialogue sincère et fructueux avec les tous acteurs de l’éducation.
Tout en vous souhaitant bonne réception, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos salutations distinguées.
Pour le Bureau National,
Le Secrétaire Général
Aboubacar PARE
Inspecteur de l’Enseignement secondaire