RECONCILIATION NATIONALE
L’improbable respect du délai de six mois fixé par Roch ?
Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a promis de régler le problème de la réconciliation nationale au premier semestre de l’année 2021. Une volonté politique affichée et confirmée par la création d’un ministère d’Etat chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale et confié à l’ancien Chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré. Ce dernier a commencé son travail par des rencontres avec les acteurs appelés à interagir dans l’opérationnalisation de la réconciliation nationale.
Pour mieux cadrer les choses, un décret présidentiel est venu préciser les missions du ministre d’Etat : élaboration, mise en œuvre et suivi d’une stratégie de réconciliation nationale de concert avec tous les acteurs ; contribution à la prise en compte des expressions plurielles dans la formation et la mise en œuvre des politiques publiques de développement ; conception et élaboration d’une politique nationale de la cohésion sociale et la supervision de la mise en œuvre des stratégies et plans d’actions y relatifs ; formulation, mise en œuvre et suivi de la stratégie nationale de prévention de l’extrémisme violent ; identification et promotion des valeurs communes et du vivre ensemble au Burina Faso,… !
Bref, Zéphirin Diabré est chargé d’assurer la mise en œuvre et le suivi de la politique du gouvernement en matière de réconciliation nationale et de cohésion sociale. L’intéressé le sait, la tâche s’annonce difficile. Le président du Faso aussi. En effet, « monsieur réconciliation » doit d’abord dire aux Burkinabè quel est le sens donné à la « réconciliation » pour permettre une compréhension commune et consensuelle et, bien entendu, comment y parvenir. Car s’il y a bien quelque chose qui fait l’unanimité entre Burkinabè c’est leurs divergences sur la question de la réconciliation. Monsieur Diabré devra déployer des énergies pour mettre tout le monde d’accord. Y parviendra-t-il ? Combien de temps lui faudrait-il ? Six mois ? Questions !
Par ailleurs, le ministre d’Etat chargé de la réconciliation nationale, compte tenu de la complexité du dossier et pour éviter les erreurs de la journée nationale de pardon du 30 mars 2001, va devoir faire dans la sagesse et l’intelligence pour traiter tous les dossiers emblématiques (Norbert Zongo, Thomas Sankara et compagnons, l’insurrection…) et les autres (plus 5000 dossiers de crimes et la question communautaire liée au terrorisme) de sorte que rien ne soit laissé dans les tiroirs. Y parviendra-t-il ? Combien de temps faudra-t-il ? Six mois ? la question mérite d’être posée.
Le délai imposé par le président permettra-t-il à Zéphirin Diabré de résoudre de la meilleure des manières, la question de la réconciliation ? Six mois suffiront pas à trouver des solutions à autant de crimes et panser les plaies ? Rendez-vous en juin pour tirer les réponses.
Adama Guébré