Conseil national pour une transition réussi (CNTR) La justice pour la justice a-t-elle une place dans notre contexte socio politique et sécuritaire ?

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Situation nationale : le conseil national pour une transition réussi à animer une conférence de presse sur le Thème : « Cohésion sociale et réconciliation nationale dans un contexte sécuritaire difficile »

INTRODUCTION
Selon Georges Samuelson, ‘’lorsqu’un groupe est sous une menace extérieure, elle a la propension à taire ses clivages, ses différends internes afin de constituer un front contre l’agression exogène. Une fois la menace extérieure dissipée, ses clivages et ses différends renaissent de leurs cendres telles un phœnix’’.
Ce postulat anthropologique devrait trouver à s’appliquer dans le contexte sociopolitique du Burkina fortement marqué par les affres de la crise sécuritaire qui meurtrissent et bouleversent toute les populations de notre pays.
En fait, depuis la double attaque de Ouagadougou de janvier 2016, le pays est en proie à la recrudescence des attaques terroristes qui ont volé l’âme de milliers de personnes et contraint plus de 1, 9 millions de personnes a vidé leurs zones de résidences. Des personnes sans-abris, sans nourritures, dépouillées du minimum, soustraites de leurs dignités. Elles n’ont plus d’autres prières que celle de voir un jour le retour de la paix.
C’est très certainement dans la perspective de pourchasse de la paix que les décideurs du moment, ont pris à bras le corps la question de la réconciliation afin de permettre sa réalisation par le biais d’une cohésion sociale, car sans unité, la paix est vain mot. Et, sans cette même cohésion sociale, tous les efforts de lutte contre l’insécurité et le terrorisme sont vains.
Fort heureusement, les âmes bien nés ne discutent pas de la nécessité de se réconcilier.
Bien au contraire !
Ils savent qu’on ne peut pas désinfecter nos villes et campagnes de la peste terroriste sans passer par le remède de la cohésion sociale et de la solidarité.
Toutefois, le processus pour aboutir à la cohésion se heurte à une controverse fortement teintée d’intérêts politiques.
Pour se justifier, les contempteurs des démarches de réconciliation dégoupillent l’éventail de la justice à tout bout de champs. Sans douter de leur bonne foi, il faudrait que nous les invitons à plus de jugeote et à plus connaître les rôles social et sociétal de la Justice.
Doit-on brandir l’argument de la justice dans ce contexte ?
Trois questions s’imposent à nous et nous aimerions les partager avec l’assistance.

Dites-nous :
La justice est-elle au service de la paix ?
La justice pour la justice a-t-elle une place dans notre contexte socio politique et sécuritaire ?
La justice doit-elle être un obstacle ou une source de divergence au lieu d’être un facteur de réconciliation ?
Pour apporter une réponse pragmatique aux questions soulevées par les initiatives de recherche de la paix par la cohésion sociale, nous proposons trois axes de réflexions à savoir :
Les différentes étapes pour l’atteinte d’une réconciliation nationale pérenne
La compatibilité entre justice et réconciliation
La nécessité de la cohésion sociale dans la résolution efficace de la crise sécuritaire.

Les différentes étapes pour l’atteinte d’une réconciliation nationale pérenne
La réconciliation est le rétablissement ou la normalisation des rapports interindividuels ou intercommunautaires décousus entre sujets par une situation d’hostilité ou de crise de confiance.
Se réconcilier, c’est faire des concessions, c’est pardonner et c’est se rappeler que nul n’est infaillible. C’est surtout se dire que l’intelligence humaine permet de ne pas dresser une barbarie, mais un havre de paix entre individus d’un même peuple.
Un diagnostic profond et sans complaisance, aucune, permet d’établir qu’au Burkina Faso, le tissu social est déchiré à plusieurs niveaux, à savoir : Le niveau politique ; Le niveau des FDS et le niveau communautaire.
Au niveau politique, plusieurs régimes politiques se sont succédés dans des conditions d’hostilités profondes entre les différents acteurs. Ces transitions politiques qui ne se sont pas passées dans de meilleures conditions ont engendré des frustrations et des rancœurs qui peinent à se laisser dissiper.
Depuis son accession à la souveraineté internationale, le Burkina Faso compte 5 insurrections militaires, 2 insurrections populaires pour une seule transition démocratique. Ainsi, on peut déduire que l’histoire politique du Burkina même est un problème. En effet, d’une manière ou d’une autre, chacun a offensé l’autre, chacun a souffert des propos, exactions ou comportements de l’autre.
Bref… L’histoire politique du pays rassemble des frustrations et meurtrissures alors que nous sommes tous, en tant que Burkinabè, condamnés à vivre le destin de cette terre.
Il convient donc d’en tirer des enseignements pour vivre en harmonie, dans la tolérance, le pardon et l’acceptation de la diversité de l’expression politique. Les acteurs politiques et les organisations de la société civile doivent avoir la sagesse et l’intelligence de se rendre à l’évidence que tout le monde doit des comptes et a droit à des comptes ?
Nous le souhaitons de tout cœur pour l’effectivité d’une réconciliation véritable.
Au niveau des Forces de Défense et Sécurité, un diagnostic circonstancié permet d’établir la fracture à divers niveau. D’abord, entre les forces de défense et celles de sécurité, ce n’est pas le bel amour.
La gestion de la crise sécuritaire a encore mis en exergue l’hostilité sommeillant entre les forces de défense et celles de sécurité autour de la question de la dotation en armement de guerre. La part belle faite aux forces de défense à amener les forces de sécurité à faire des pas en arrière dans la lutte contre l’insécurité. Dans la lutte, certaines entités accusent d’autres de ne pas jouer franc jeu. Ensuite, dans les forces de défense, s’est développée une sorte de clanisme avec un certain jeu de disparité ou de discrimination dans le traitement des hommes, selon qu’ils appartiennent ou non à tel ou tel clan. Généralement, les frustrations de la grande muette sont muettes, mais force est de reconnaitre que ces frustrations sont d’autant retentissantes qu’elles se déportent sur la place publique. Certains militaires se plaignent de passer le clair de leur existence sur le théâtre des opérations tandis que d’autres font la bamboula à Ouaga. Aussi, certains hommes et leurs chefs de corps ne sont point en odeur de sainteté. En cause, des primes non reçues ou reçues en partie. La crise de confiance est d’autant profonde que certains accusent même leurs chefs de les avoir jetés en pâture par moment. Il s’infère de ce qui a été relevé parmi tant d’autres, que notre armée n’est point unie et qu’elle a besoin subséquemment de se réconcilier avec elle-même d’une part et avec les forces de sécurité d’autre part afin de s’acquitter honorablement et efficacement de sa mission sacro-saint de la défense du territoire.
Au niveau communautaire, les clivages sont aussi complexes. On relèvera que les conflits entre agriculteurs et éleveurs d’une part et les conflits entre des localités rivales d’autre part agrémentent les divisions entre communautés depuis des décennies.
La mauvaise gestion de la question de la cohabitation pacifique entre les éleveurs et les agriculteurs a entrainé beaucoup de pertes en vies humaines, des dégâts matériels inestimables et alimenté des rancœurs et des soifs de vengeance que certaines communautés cachent encore.
Pour des questions de délimitations territoriales ou d’accès à des infrastructures hydrauliques, des communautés sont farouchement opposées et s’opposent farouchement.
La pratique de l’orpaillage tous azimuts contre le gré de certaines communautés crée des tensions incommensurables.
Enfin, il faille reconnaître que certaines localités, depuis plusieurs années se sont toujours plaintes d’être mises en marge des projets de développement du pays.
Les résidents s’estiment délaissés et finissent par cultiver une défiance vis-à-vis de l’Etat central au point de se retrouver dans une rupture fracassante d’avec leur pays.
Il faut alors panser toutes ces plaies, guérir les frustrations et les rancœurs par un PARDON franc, pour avancer dans la sérénité et dans la sincérité vers un horizon de bonheur pour notre pays.
Il faut ici saluer l’effort du gouvernement qui a mis en place des comités locaux de dialogue et engagé les chefs coutumiers et religieux dans la recherche d’une réconciliation véritable entre les communautés.
En conclusion, il faudrait dire que la question de la réconciliation est un devoir patriotique. Elle n’est pas négociable entre des émotions primaires et des passions guerrières. La Réconciliation est la Nation elle-même. Elle est la nation incarnée.
La compatibilité de la justice à la réconciliation nationale
La justice ne doit pas être opposée à la réconciliation nationale, mais doit être considérée comme un tremplin.
Cette même justice dont il est question doit être celle qui contribuer à rapprocher plus qu’à diviser.
L convient de rechercher la forme de justice qui est compatible avec l’impératif de réconciliation.
Selon le doyen Hauriou, « la règle de droit nait dès lors que les hommes forment des groupes pour participer à une vie communautaire pacifique ». Ainsi, la finalité de la règle de droit est de réaliser un cadre de vie pacifique. La justice chargée d’appliquer la règle de droit n’est pas subordonnée à une application mécanique de la règle de droit. C’est pourquoi, on a le principe de ‘’ l’intime conviction du juge’’ et les différentes techniques d’interprétation de la règle de droit. L’application d’une règle de droit peut créer plus de préjudice que sa non application.
La justice pour la justice est une dégoutante machine meurtrière.
L’insurrection populaire de 2014 a occasionné des pertes en vies humaines et des dégâts énormes.
A-t-on jugé ceux qui ont mis le feu à l’Assemblée nationale conformément à la loi, ou ceux qui ont pillé et saccagé les domiciles de ceux qui avaient quelques liens avec le régime en place ?
Des gens s’agitent malheureusement en réclamant le glaive juste pour assouvir leur vengeance personnelle contre des personnes. D’autres ont hérité d’une mésentente que leurs pères ont eu avec certaines personnalités et pour cela, ils veulent que la justice soit sans pitié. Il est d’adage réputé qu’un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès.
L’histoire de grands hommes ont enseigné que parfois, il faut privilégier le pardon à la justice pour sauver une nation.
A la célébration du deuil de l’apartheid en 1994 par la victoire de Mandela aux élections, Madiba, en dépit de la douleur toujours palpable et de la chaleur toujours insupportable du sang versé des siens, n’eut qu’une seule recommandation envers son peuple : le pardon pour réconcilier le pays et donner tout le sens de l’Afrique du Sud, nation Arc-en-ciel où la diversité est une opportunité et non un problème.
Aux Etats-Unis, en réponse à la furie des ségrégationniste, Martin Luther King Junior n’appelait pas à la justice mais au pardon et à la tolérance.
A propos du mandat d’arrêt pour l’application duquel, nombreux s’agitent, quelques observations méritent d’être faites. :
La décision de condamnation du président Compaoré a été rendue au nom du peuple burkinabè et dans son seul intérêt d’autant que la partie civile qui a droit à ses intérêts civils n’a plus son mot à dire en principe.
Or, le peuple lui-même au nom et dans l’intérêt duquel l’exécution de la décision est requise est plus que jamais divisé.
A défaut de l’unanimité et sans qu’un referendum sur la question soit possible, il importe de faire prévaloir la sagesse et d’analyser la situation dans le sens de la finalité de la prison.
La prison n’a pas pour vocation de venger, mais d’amender le condamné à la prison. De ce point de vue, Blaise Compaoré au regard de la fragilité de sa santé n’est plus à même de supporter le poids des verrous et l’emprisonner ne serai ni plus ni moins qu’une deuxième condamnation à la potence.
L’arrestation et l’emprisonnement de Compaoré dessert plus qu’elle ne sert. Les éminents juristes pour lesquels nous avons du respect savent bien que sont légions les cas de décisions de justice non exécutées au nom de la paix et de la cohésion sociale. Alors pourquoi Blaise Compaoré que Sankara lui-même appelait son frère ne devrait pas bénéficier de cette clémence au regard de son état de santé et du rôle qu’il peut jouer dans la recherche de la paix ?
En cherchant une justice au service de l’intérêt de la réconciliation et de l’impératif de la cohésion sociale on aboutit à une justice digne de ce nom : celle qui promeut la paix.

L’impératif de cohésion sociale dans la résolution efficace de la crise sécuritaire

Il faut alors combler les fissures par la recherche de l’intérêt commun : sauver le Burkina qui est au bord du gouffre.
Il faut se départir des intérêts égoïstes. On périt béatement quand on ne sait pas se tenir face au danger.
L’histoire de notre pays enseigne que face à des menaces contre l’Etat, nos pères ont su faire montre de sagesse en aplanissant leur divergence pour relever le défi de l’heure dans la cohésion et l’unité.
En 1947, pour la reconstitution du Burkina charcuté selon les desideratas de la France, nos pères se sont dressés comme un seul homme contre la forfaiture de l’administration coloniale afin de reconstituer la Haute-Volta.
Nous pouvons tout disputer, mais nous avons une chose en commun, indivisible : le territoire libre du Burkina.
Nos aïeux se sont sacrifiés pour nous laisser en héritage cette terre qui est menacée par une horde de barbares. Saurons-nous taire nos égos et nos soifs de vengeances pour sauver l’essentiel et différer nos différends ?
Quant aux fanatiques et maniaques de la justice et qui pensent que l’échec de la lutte contre le terrorisme est l’échec d’un régime, nous les invitons à avoir de la compassion pour toutes ses familles déplacées qui ne demandent que le retour de la sécurité afin de retrouver leurs localités d’origines. Si tant est que tout le monde communie à l’idée que c’est dans l’unité et la cohésion que nous viendrons à bout du terrorisme, alors, on ne doit guère faire économie de quelque concession pour réaliser la cohésion et l’unité.
Ceux qui se bandent toujours les muscles pour attiser la haine servent la cause des terroristes d’une manière ou d’une autre. Il faut encourager le gouvernement pour tous les efforts qu’il déploie pour fédérer les énergies et les bonnes intentions autour de l’essentiel : la lutte contre le terrorisme.
Il est clair que certains resteront en marge parce que ce qui les importe c’est leur égo, et leur soif de vengeance et la constipation de celui qui croit toujours avoir raison même quand il a tort. L’essentiel est que ces gens qui sont en marge de la marche du peuple vers la liberté, soient toujours réduits dans leurs minorités du fait des défections de ceux qui comprendront que l’essentiel n’est pas dans les positions partisanes et égoïstes.

Conclusion
En conclusion, il est clair qu’il faut un nouveau contrat social au Burkina qui sera marqué par le dépassement du passé douloureux du pays.
Regarder devant suppose, ne pas s’attarder sur ce qu’on a laissé derrière. Le peuple burkinabè a longtemps souffert, continue de souffrir et ne peut pas continuer à souffrir des exactions de bandes froussards vivant de vampirisme. L’heure est venue de sonner le glas de cette peste qui se nourrit malheureusement de nos clivages. Tout en saluant les efforts déployés par le gouvernement dans la recherche d’une véritable cohésion à travers la réconciliation, nous encourageons le gouvernement et l’ALT à prendre en compte les propositions ci-après :
L’usage du droit de grâce dévolu au président du Faso pour consacrer le pardon des condamner pour crimes politiques
Le vote d’une loi d’amnistie pour consacrer le pardon du peuple pour les condamnés pour crimes politiques
Poursuivre l’examen de l’indemnisation des parents des victimes des crimes politiques et éponger les intérêts civils reconnus dans les décisions judiciaires
Organiser une journée nationale de pardon et de renouveau au cours duquel des pardons sincères seront demandés au peuple et aux victimes pour un nouveau départ
Entendre les forces de défenses et de sécurités à tous les niveaux et donner une suite favorable à leurs requêtes
Poursuivre l’ouverture du corridor de repentir pour les compatriotes en rupture avec la patrie
Poursuivre le renforcement des moyens logistiques des FDS avec l’acquisition des appareils de guerres pour gagner la guerre par les airs, car qui domine les airs gagne la bataille de terre.
Nos campagnes et nos villes tombent chaque jour aux mains de la horde de barbareS, il est plus qu’urgent de taire les viles querelles pour « aller au front » de la lutte contre le terrorisme

Ouagadougou, le 14 Juillet 2022

Le Coordonnateur National

Pascal ZAÏDA
Député à l’Assemblée législative de transition

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