Hospitalisé depuis le début du mois de mars à Paris et transféré en urgence en Allemagne six jours plus tard, le Premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko, a succombé hier, mercredi 10 mars, à un cancer fulgurant à l’âge de 56ans et 8 mois après le décès de son prédécesseur. Quel était le parcours de cet homme politique souvent qualifié de rassembleur ?
Homme politique et charismatique, Hamed Bakayoko avait gravi les échelons pour devenir un pilier du pouvoir du président Alassane Ouattara. Le Premier ministre ivoirien est décédé le 10 mars à l’âge de 56 ans à Fribourg en Allemagne. Il a eu un parcours fulgurant. Dès la fin de ses années universitaires, il crée « Le Patriote », un journal engagé politiquement qui va traverser toutes les crises qu’a connues la Côte d’ivoire.
Le « Golden Boy » comme le surnommait certaines personnes pour ses réussites en affaire, il a été aussi durant quelques années PDG de Radio Nostalgie Abidjan. Sa rencontre avec Alassane Ouattara au début des années 2000 lui permettra de se tailler une carrure d’homme politique pour devenir fidèle parmi les fidèles du président ivoirien. Jusqu’au poste de chef du gouvernement qu’il occupait depuis le 30 juillet 2020, après la mort de son de prédécesseur Amadou Gon COULIBALY.
Le charismatique Hamed Bakayoko ou Hambak comme les Ivoiriens aimaient bien l’appeler était un bon vivant, toujours bien habillé et friand de voitures de luxes. Il aimait les shows, la musique congolaise, notamment le n’dombolo et la rumba dont il était l’ambassadeur en Côte d’Ivoire.
Il était le parrain de plusieurs artistes. HamBak avait une très bonne réputation auprès de la jeunesse ivoirienne.
Rendant hommage à l’illustre disparu le président du Faso Rock Marc Christian KABORE à saluer « la mémoire d’un homme d’Etat qui a mis, sans relâche, son énergie et son talent au service des ivoiriens et de la Côte d’Ivoire ». Il regrette sa disparition. « Avec sa disparition le Burkina perd un ami, un frère, attaché à la vitalité des relations historiques entre nos deux pays », a-t-il déploré.
Quant au Premier ministre burkinabè Christophe Joseph Marie DABIRE, il s’est exprimé en ces termes « En ces moments extrêmement douloureux, je voudrais au nom du gouvernement exprimer toute ma compassion et ma solidarité, face à cette lourde perte ».
A partir de 2002, à la faveur de la crise politico-militaire qui va diviser le pays en deux, il sera nommé régulièrement ministre dans plusieurs gouvernements avant d’être en 2016 élu député de la circonscription de Séguéla, la région d’où il est originaire.
Avec l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011, Hamed Bakayoko avait hérité du stratégique ministère de l’Intérieur, qu’il avait conservé sous trois gouvernements jusqu’en 2017, réussissant à maintenir l’ordre dans un pays revenant à la paix.
En juillet 2017, il avait été nommé ministre d’Etat, ministre de la Défense, et numéro deux du gouvernement, où il avait eu la lourde tâche de gérer plusieurs mutineries dans l’armée.
En 2018 il avait été élu maire d’Abobo, l’une des deux grandes communes populaire d’Abidjan, au terme d’un scrutin cependant terni par des violences.
En 2020 son nom avait circulé comme présidentiable, avant la désignation du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti au pouvoir pour la présidentielle d’octobre.
Après la mort inattendue de ce dernier d’un infarctus, qui a conduit le président Ouattara à revenir sur son engagement et à se faire réélire, Hamed Bakayoko avait d’abord été désigné pour assurer l’intérim, puis nommé Premier ministre.
Après l’élection présidentielle du 31 octobre marquée par le boycott de l’opposition et des violences ayant fait une centaine de morts, « HamBak » avait ramené l’opposition à la table des négociations, ce qui a permis des élections législatives apaisées, avec la participation de toutes les forces politiques.
Quatre jours avant sa mort, il avait lui-même été largement réélu député dans son fief de Séguéla (Nord) aux législatives du 6 mars.
Il laisse derrière lui une femme et 4 enfants.
Daniella ZEBA
Oeil Du Faso