La plainte, une première dans la justice internationale, a été déposée par RSF pour persécution de journalistes en Arabie saoudite. Difficile séquence pour Mohammed Ben Salman. Le prince héritier saoudien, désigné vendredi 26 février, par les Etats-Unis, comme le commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018 à Istanbul, fait désormais l’objet d’une plainte pour « crimes contre l’humanité ».
Difficile séquence pour Mohammed Ben Salman. Le prince héritier saoudien, désigné vendredi 26 février, par les Etats-Unis, comme le commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018 à Istanbul, fait désormais l’objet d’une plainte pour « crimes contre l’humanité ». La plainte, une première dans les annales de la justice internationale, a été déposée, lundi 1er mars, par l’ONG Reporters sans frontières (RSF) devant le procureur général de la cour fédérale de justice de Karlsruhe, en Allemagne. La saisie du parquet allemand porte sur la persécution des journalistes en Arabie saoudite, pays classé au 170e rang sur 180 de l’index de la liberté de la presse de RSF. Elle repose sur le principe de compétence universelle, en vigueur outre-Rhin, qui autorise les magistrats d’un Etat à juger des violations des droits humains, même si le crime a été commis en dehors du territoire national et que ses auteurs et ses victimes sont des non-nationaux. L’organisation, qui a donné la primeur de cette information au Monde et à trois autres quotidiens (Washington Post, Guardian et Süddeutsche Zeitung), cite à l’appui de sa démarche non seulement l’emblématique affaire Khashoggi, mais aussi le cas des 34 journalistes actuellement emprisonnés dans le royaume, le total le plus élevé au monde après la Chine (117). Selon l’enquête de RSF, 22 d’entre eux ont été soumis à des mauvais traitements, 15 à des actes de tortures et 2 à du harcèlement sexuel. « En Arabie saoudite, les journalistes, qui constituent une population civile, sont victimes d’attaques généralisées et systématiques, en application d’une politique d’Etat visant à les punir ou à les réduire au silence », soutient le communiqué de presse de RSF, publié mardi 2 mars. Selon l’ONG, ces critères sont constitutifs du crime contre l’humanité dans le code pénal allemand.